Faja de las Flores
Le 20 septembre 2008

                Les vires de l'Andatone et du pied du Tafonatu (en Corse) que nous avons découvertes lors d'un trek en début juillet 2008 ont mis l'eau à la bouche de nos compagnons François et Arnaud... Matthieu, qui nous avait accompagnés en Corse l'année précédente, et qui habite au pied des Pyrénées avait dans ses cartons un autre parcours de vires fort impressionnantes ! Les 29 et 30 juillet, François, Arnaud, Matthieu et Yvon se sont lancés... voir ce forum sur les Pyrénées
                Arnaud, particulièrement séduit par cette expérience, n'a pas eu de mal à me convaincre de tenter l'expérience avec Sophie, mon épouse et Sarah, ma fille à la première occasion... qui n'allait d'ailleurs pas tarder !
                Je n'avais jamais réalisé de balades dans ce secteur des Pyrénées, tout au plus quelques vols en planeur dans les années 1980... ce qui ne militait guère pour l'organisation d'une randonnée relativement longue (12 à 14h) sur un itinéraire non balisé dans sa plus grande partie... Le briefing détaillé d'Arnaud, illustré par ses nombreuses photos, m'a pourtant convaincu que, par météo favorable, l'aventure pouvait être tentée sans grand risque. Restait à savoir s'il fallait programmer le circuit en une ou deux journées. C'est finalement Sophie qui a tranché en préférant une longue journée plutôt que deux journées avec des sacs à dos bien plus lourds.
                La météo s'annonce idéale ce 20 septembre. Les éphémérides indiquent un lever de soleil à 7h44 et un coucher à 20h03, avec une lune pouvant servir d'éclairage avant l'aube. En prévoyant un départ autour de 7 heures et un retour avant 20h30, nous ne devrions pas avoir besoin de frontales... Des frontales, nous en emmenons quand-même, pour autoriser un retard sur les prévisions : je me suis fixé comme objectif limite -sauf à improviser un bivouac- d'être à la Brèche de Roland avant la nuit, sachant que le retour par le refuge des Sarradets est bien tracé (et a été réalisé par Sarah durant l'été).



Téléchargez faja.gpx, la trace GPS de la sortie avec 11 points d'intérêt et 479 points de passage
(Pour son utilisation, notamment avec Google Earth, voir cette page conseils)




Du Parking de Tentes au col de Forqueta

                Ce 20 septembre, nous avons été les premiers à emprunter, depuis Gavarnie, la route du col de Tentes, avec quelques difficultés à déloger les troupeaux de moutons qui dormaient sur l'asphalte... Nous rejoignons le parking où quelques voitures garées témoignent de randonneurs ayant passé la nuit dans les refuges des Sarradets, de Goriz ou ailleurs... Un peu avant 7 heures du matin, nous voilà donc partis vers la frontière espagnole, le Port de Boucharo, en cheminant sur la route aujourd'hui fermée et encombrée par quelques éboulements de rochers.
                Les névés illuminés par la lune en face nord du Taillon et des Gabietous accrochent le regard, à tel point que Sarah est persuadée qu'il y a beaucoup plus de neige que lors de sa randonnée précédente vers la Brèche de Roland, et elle se pose des questions pour la suite... Je lui explique que ces névés étaient certainement déjà là, et que les quelques centimètres de neige tombés une dizaine de jours auparavant n'ont pas pu laisser de traces (sauf en rendant les névés existants plus blancs). Au retour Sarah vérifiera sur les photos de sa rando précédente que les névés étaient déjà là et d'ailleurs plus étendus !
                Au port de Boucharo, démarrent deux grands sentiers : celui qui mène à la brèche de Roland et celui qui descend à San Nicolas de Bujaruelo... et une petite trace légèrement descendante en flanc ouest des Gabietous. C'est ce dernier itinéraire que nous devons prendre, alors que la lumière de l'aube commence à remplacer l'éclairage de la lune. Au bout de cinq minutes, deux options s'offrent à nous : alors que la trace descend sensiblement le long d'une barre rocheuse, des cairns indiquent un cheminement ascendant, avec quelques passages nécessitant l'utilisation des mains. Nous suivons un cheminement chaotique marqué par quelques cairns, lorsque nous apercevons plus bas, et plus loin, la trace que nous n'aurions sans doute pas dû quitter ; nous la rejoignons au mieux, alors que les cairns indiquent un cheminement qui monte peut-être vers les Gabietous. Une quinzaine de minutes de perdues, et voilà déjà quelques doutes qui commencent à nous assaillir pour la suite du parcours... qui certes est maintenant bien marqué, mais pour combien de temps ?
                Peu avant 8 heures, nous surprenons un groupe d'isards... Ils vont se réfugier plus haut, sur les flancs des Gabietous, en nous laissant le temps de prendre quelques photos. La suite du parcours vers le col de Forqueta est facile, même si le dernier tronçon est relativement raide. Un homme que je prends pour un trailer nous rejoint dans cette montée... En fait il s'agit d'un randonneur de la région qui a voulu nous rattraper pour avoir des explications sur la suite de ce même parcours ; il sert de guide à deux compagnons qui suivent à une allure normale. Nous arrivons donc à quatre au col, pour découvrir en face de nous les grandes falaises calcaires dans lesquelles certains tronçons de la vire de l'Escuzana sont bien visibles. Son accès, en revanche, paraît bien improbable vu d'ici, et les explications et photos que m'avaient fournies Arnaud sont fort utiles, voire indispensables pour identifier le point à rejoindre... Seul regret : à cette heure matinale, les falaises sont à l'ombre, et le parcours en sens inverse serait meilleur pour les éclairages dans cette zone où nous serions alors en fin de journée.

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Sarah, en provenance du Port de Boucharo (Puerto de Bujaruelo) Nous dérangeons six ou sept isards  sur le versant sud-ouest des Gabietous Zoom sur trois isards qui se réfugient sur le versant sud-ouest des Gabietous A nos pieds, Barranco de Lapazosa, et plus loin la vallée de l'Ara
Le cheminement passera dans le petit col à gauche ; puis Forqueta de Gabieto ; Au centre la vallée de l'Ara
Au col de Forqueta (2518m), regard en arrière (vers le nord) Depuis le col de Forqueta (2518m), le vallon de Gabieto avec au second plan Pico de Tendenera (2853m) Depuis le col de Forqueta (2518m), la vire de l'Escuzana Vu du col de Forqueta, rejoindre la vire de l'Escuzana semble difficile à imaginer... et pourtant...



La vire de l'Escuzana

                Avant de repartir, nous saluons les deux autres compagnons du randonneur qui arrivent au col ; ils vont se reposer un peu, ce qui permettra en outre à ce second groupe de vérifier si nous ouvrons correctement l'itinéraire... Après quelques mètres de descente, nous longeons à niveau le flanc sur un système de petites vires. Il s'agit de la partie de l'itinéraire qui demande le plus de précautions, car les roches sont plutôt délitées et la pente est très forte. Une vingtaine de minutes plus tard, nous atteignons le fond du vallon de Gabieto, à la même altitude que le col de Forqueta. La limite entre les versants brun -gréseux- et blanc -calcaire- est ici étonnamment bien marquée. Une trace légèrement montante se dirige maintenant vers l'entrée de la vire de l'Escuzana qui semble bien nette vu d'ici ; nous apercevons assez rapidement que ce cheminement est le bon... En disposant d'un altimètre, il suffit donc de rejoindre le point du vallon à la même altitude que le col de Forqueta pour se diriger ensuite à vue vers l'entrée nord de la vire deux cent mètres plus loin et vingt mètres plus haut.
                La vire, de parcours facile, tient toutes ses promesses. Longue de 1300 mètres, elle est loin d'être horizontale... d'abord plutôt plate, elle perd rapidement une cinquantaine de mètres pour un point bas à 2490m avant de remonter progressivement vers son extrémité sud à 2640m d'altitude. Les roches calcaires sont parfois ornées de dépôts colorés provoqués par les ruissellements, et nous passons même sous une toute petite chute d'eau... Ce parcours est d'autant plus extraordinaire qu'il semble très peu connu. De plus, il permet de rejoindre Mondarruego, notre prochaine étape...
                A la sortie de la vire, petite discussion : mettons-nous le cap vers le col situé au sud-est, ou bien faisons-nous un petit extra par le sommet du Mondarruego, auquel cas, un cheminement direct vers le sommet semble parfaitement réalisable. Deux cent mètres à grimper au lieu de cent, si nous voulons passer par le sommet, semblent un défi raisonnable, et nous décidons donc de nous y attaquer... S'agissant toutefois d'un pierrier pas toujours stable nous aurons l'occasion de vérifier une fois de plus que deux cent mètres de dénivelé en pierrier, c'est pas comme deux cent mètres sur un terrain agréable ! Il me faudra cinquante minutes pour réaliser ce tronçon (un peu moins pour Sarah et un peu plus pour Sophie). Les trois autres randonneurs décideront de contourner le sommet : ils obliqueront vers le col mentionné, après avoir suivi nos traces sur la première partie du parcours.

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Le vallon de Gabieto, côté amont, limite entre les versants calcaires et gréseux Sophie et Sarah dans le vallon de Gabieto Sarah dans le vallon de Gabieto ; on devine le départ de la vire de l'Escuzana Sarah et Sophie sur la vire de l'Escuzana
Regard en arrière sur la vire de l'Escuzana et le col de Forqueta Sarah poursuit son chemin sur la vire de l'Escuzana Nous approchons de la fin de la vire de l'Escuzana
Sophie et Georges sur la vire de l'Escuzana, devant des roches décorées par les ruissellements Pico de Tendenera (2853m) depuis la vire de l'Escuzana Le Vignemale (3298m) depuis la vire de l'Escuzana ; à gauche, la vallée de l'Ara Depuis la sortie de la vire de l'Escuzana (qu'on devine tout à droite dans l'ombre), la vallée de l'Ara que domine le Vignemale (3298m)



Au sommet de Mondarruego

                L'arrivée vers le sommet offre un paysage tout à fait extraordinaire que je vous laisse découvrir sur les photos et panoramas ci-dessous... Depuis le Vignemale jusqu'au Mont Perdu en passant par le Taillon, toute la barrière marquant la frontière entre la France et l'Espagne est visible... toute ou presque car la Brèche de Roland est masquée par Pico Blanco... Vers l'ouest Pico de Tendenera (2853m) avec ses strates de calcaire et de grès relevées à la verticale par des mouvements géologiques est tout aussi remarquable... Vers l'est, au dessus du canyon d'Ordesa, Faja de Las Flores qui contourne Pico de Salarons (2744m) attire bien entendu toute notre attention et à nos pieds les différents étages du cirque de Salarons sont tout simplement magnifiques. Malgré l'heure encore matinale, et pour mieux profiter du panorama, nous décidons de faire une longue pause déjeuner... qui durera une heure.
                Si vous voulez découvrir ce belvédère hors du commun et que le circuit présenté ici vous paraît trop ambitieux, je vous conseille vivement un aller-retour vers ce sommet par l'itinéraire que nous avons emprunté (compter 7 à 8 heures de marche au total) ; il convient simplement d'être à l'aise sur des cheminements non balisés, et de ne pas être trop sensible au vertige.

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Les principaux sommets : Le Vignemale (3298m) à gauche ; Le pic des Gabietous (3031m) au centre avec à sa droite le Taillon (3141m) ; Le Mont Perdu (3355m) à droite
Le cirque de Salarons, puis la plaine de San Fertus et Pico Descaguador (2612m) devant le Mont Perdu (3355m) Faja de Las Flores qui contourne Pico de Salarons (2744m) Aguas Tuertas et à droite le départ de Faja de las Flores La grotte de Casteret, et sa rampe d'accès au-dessus de la plaine de San Fertus ; au centre, le pic de Marboré (3250m) et à droite, le cylindre du Marboré (3335m)
Sarah au sommet de Mondarruego (2848m) ; tout à gauche, les contreforts du Vignemale Pico Blanco (2904m) cache la brèche de Roland ;  à droite, le pic du Marboré (3335m) Zoom sur Pico Blanco (2904m) ; à gauche Punta Bacillac (2976m) et son doigt à côté de la fausse brèche
Le canyon d'Ordesa ; à sa gauche Faja de las Flores et à sa droite Faja de Pelay Sophie et Sarah au sommet de Mondarruego ; à droite, la vallée de Broto où serpente Rio Ara Zoom sur le village de Torla dans la vallée de Broto où serpente Rio Ara Pico de Tendenera (2853m) avec ses strates de calcaire et de grès  relevées à la verticale par des mouvements géologiques.
A gauche, la vallée de Broto ; au centre Pico de Tendenera (2853m) et à droite la vallée de l'Ara...



Du Mondarruego à Faja de las Flores

                Après avoir bien repéré le point d'entrée de Faja de las Flores, nous entreprenons la descente vers le cirque de Salarons. Nous choisissons de commencer à nous diriger vers le col mentionné tout à l'heure, guidés par quelques cairns. La descente vers ce col se fait sur une zone relativement stable qu'il aurait été plus indiqué de suivre au cours de la montée, également. Ensuite, des traces de sentes et quelques cairns permettent de descendre vers le cirque de Salarons. Pour éviter les pierriers, nous choisissons d'emprunter sur notre gauche une zone calcaire, ornée de lapiaz. Ce cheminement est plus ludique que celui du pierrier, mais demande un peu plus d'attention. Nous quitterons les lapiaz là où une zone herbeuse vient remplacer les pierriers. La fin de la descente vers Aguas Tuertas est particulièrement belle. Nous avons l'impression bizarre que le fond du cirque est situé plus bas que son extrémité... Cela se révèlera être la réalité, et les rus qui y serpentent, disparaissent en fait dans un trou sans fond... à destination sans doute d'une résurgence située vers le bas du cirque de Salarons.
                Arrivés au fond du cirque, nous repérons facilement l'entrée de Faja de las Flores, et une trace bien marquée y conduit d'ailleurs. Un randonneur espagnol nous explique plein de choses en espagnol, nous n'y comprenons rien ; à peine reconnaissons-nous le nom de quelques sommets, et nous croyons comprendre qu'il envisage de passer la nuit prochaine au refuge des Sarradets (devant lequel nous devrons également passer ce soir). Il nous prendra, tous les trois, en photo tout près de l'entrée de la vire. Derrière nous les différents étages calcaires de la partie haute du cirque de Salarons contrastent avec le grès des Gabietous et du Taillon... sans oublier des zones herbeuses de rêve pour un bivouac !
                En nous engageant sur la vire, nous allons maintenant passer le point de non retour... Malgré les descriptions rassurantes d'Arnaud pour rejoindre la brèche de Roland, je n'aime pas trop ce genre de situation dans laquelle on est condamné à trouver sa route dans un secteur non connu et non balisé... avec, en cas d'échec, une galère avec bivouac improvisé...

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Encore une bonne centaine de mètres à descendre pour atteindre le point bas des Aguas Tuertas... Devant nous, Pico de Salarons (2744m)  ; tout à droite, on distingue Faja de las Flores Petite halte au cours de la descente de Mondarruego : Sophie et Sarah sur une plage herbeuse (2480m)
Nous sommes à l'entrée de Faja de las Flores (2375m) ; derrière nous, le sommet de Mondarruego (2848m) que nous venons de descendre Depuis l'entrée de Faja de las Flores, le cirque de Salarons dominé par le Pic des Gabietous (3031m) et le Taillon (3144m) Un randonneur espagnol nous prend en photo devant le cirque de Salarons Et voilà l'entrée de Faja de las Flores...



Faja de las Flores
La vire des Fleurs

                Près de la plate-forme d'entrée ouest de Faja de las Flores, nous retrouvons les trois randonneurs que nous avions quittés au col de Forqueta. Ils ont choisi cet endroit pour pique-niquer... bel endroit, mais tout de même un cran au-dessous du sommet Mondarruego ! Le meneur du groupe me rassure un peu plus en confirmant qu'il a déjà réalisé le trajet entre la Brèche de Roland et l'extrémité est de la vire, et que l'orientation est facile par beau temps. Sur la vire nous allons croiser plusieurs groupes de randonneurs, en général des espagnols qui font le parcours Ordesa, cirque de Cotatuero, Faja de las Flores, cirque de Salarons, Ordesa. Ce parcours est bien moins long que celui réalisé à partir de la France, mais nécessite de franchir, dans les cirques, des passages aériens célèbres sécurisés par des clavijas (pitons enfoncés dans la paroi). Nous rencontrerons aussi un groupe de français reconnaissables à leurs bérets basques... Ils nous rattraperont le soir, au Port de Boucharo, où nous apprendrons qu'après Faja de las Flores, ils auront rejoint la Brèche de Roland, ne connaissant pas le passage par la vire de l'Escuzana !
Non, nous n'avons pas vu d'Edelweiss sur la vire des Fleurs... Cette photo a été prise par Yvon le 29 juillet 2008 dans le secteur du cirque de Cotatuero                 La vire est longue de 3500 mètres et relativement plate (extrémité ouest 2375m, centre 2420m et extrémité est 2395m). Après 750 mètres environ, un énorme rocher barre la vire ; adossé à la falaise, il convient de passer dessous... En regardant en arrière, Tozal del Mallo est un appendice caractéristique qui prolonge Mondarruego au-dessus du vide ; ce dernier est également relativement fréquenté par les Espagnols amateurs de sensations fortes... Sur la vire elle-même et à condition de bien rester le long de la paroi, les sensations de vide sont finalement peu importantes, et son parcours ne présente aucune difficulté (sauf un petit passage nécessitant de l'attention). Arrivé vers l'extrémité sud-est de Faja de las Flores, nous découvrons Monte Arruebo et le Tobacor (2769m) au-dessus de Barranco de Riviereta et du cirque de Cotatuereo ; en face, en rive sud du canyon d'Ordesa, on peut deviner Faja de Pelay, une vire plus facile d'accès depuis Ordesa que Faja de las Flores, avec une vue paraît-il splendide non seulement sur Faja de las Flores, mais aussi sur les hauts sommets. Arnaud l'avait parcouru au siècle dernier, en compagnie de sa famille.
                Après un parcours sur la vire de 1h25, entrecoupé de quelques arrêts photos, nous nous offrons presque une demi-heure de pause sur une belle plate-forme non loin de l'extrémité est. Nous sommes en surplomb du cirque de Cotatuero, avec une cascade vertigineuse au fond... Au-delà de l'extrémité de la vallée, le Mont Perdu est coiffé par les cumulus, alors que la Brèche de Roland plus à gauche est encore cachée par la falaise. J'ai du mal à convaincre mes coéquipières de poursuivre la route ; il est 14h45 et elles considèrent sans doute que nous avons tout notre temps pour rejoindre la voiture... Il reste tout de même une bonne dizaine de kilomètres à parcourir avec la Brèche de Roland à mi-chemin ! Quelques minutes plus tard nous atteignons la sortie de la vire où nous découvrons effectivement cette fameuse Brèche, notre prochain objectif.

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La vallée d'Ordesa depuis Faja de las Flores ; la vallé de Broto au second plan Le sommet et la vire de Mondarruego, séparés de Faja de las Flores par le cirque de Salarons Ce rocher caractéristique sous lequel il faut passer se trouve à l'ouest de Faja de las Flores
La vire de Mondarruego au-dessus de l'appendice Tozal del Mallo ; au loin Pico de Tendenera (2853m) Le sommet et la vire de Mondarruego, puis Faja de las Flores Dans ce secteur, la vire fait un coude vers le sud ; au loin, la vallée de Broto
Les vallées d'Ordesa et de l'Ara confluent vers la vallée de Broto ; à droite Tozal del Mallo et au loin, Pico de Tendenera (2853m) La partie ouest de Faja de las Flores puis la vire de Mondarruego en enfilade ; Tozal del Mallo se détache de la paroi Sarah s'approche de la pointe sud-est de Faja de las Flores Depuis la pointe sud-est de Faja de las Flores, Monte Arruebo puis le Tobacor (2769m) au-dessus du cirque de Cotatuereo
Un des derniers renfoncements de Faja de las Flores Faja de las Flores, au-dessus du cirque de Cotatuereo L'aval du cirque de Catatuero depuis Faja de las Flores
L'étage supérieur du cirque de Cotatuereo avec Barranco de Riviereta au fond Monte Arruebo puis le Tobacor (2769m) au-dessus de Barranco de Riviereta et du cirque de Cotatuereo ; à droite, le canyon d'Ordesa Au-dessus de la rive sud du canyon d'Ordesa, on peut deviner Faja de Pelay Sophie et Sarah se reposent sur cette belle plate-forme située sur une excroissance de Faja de las Flores
Petite pause à la sortie de Faja de las Flores ; au loin, la brèche de Roland, notre prochaine étape... Le Tobacor (2769m) et Monte Arruebo au-dessus de Barranco de Riviereta et du cirque de Cotatuereo Le Tobacor (2769m) et Monte Arruebo au-dessus du cirque de Cotatuereo



Cap sur la brèche de Roland

                La trace principale semble maintenant se diriger vers Collado de la Catuarta, avec à notre droite un massif relativement plat de lapiaz ; plutôt que de le contourner, nous choisissons de pénétrer ce massif par des mini vallons de quelques mètres de haut. Le parcours est ludique, mais finit par ressembler à un parcours d'obstacles... Nous mettrons presque une demi-heure pour franchir ces 400m de lapiaz et nous aurions sans doute gagné du temps à en faire le tour ! Nous sortons de cet enchevêtrement, un peu par hasard près de l'abri où Arnaud et son groupe avaient passé leur nuit fin juillet ! Voilà au moins un point de repli possible si la suite posait de gros problèmes. Grâce au GPS, nous le retrouverions, même par nuit noire !
                A partir de l'abri, la montée vers le bassin inférieur de San Fertus est à nouveau très ludique, et emprunte une espèce de fine moraine dans un mini-vallon... Il n'y a vraiment pas moyen de s'ennuyer dans ce secteur ! La plaine inférieure à une longueur de 500 mètres environ et est barrée par une muraille rocheuse qui semble infranchissable. Le briefing d'Arnaud m'avait précisé qu'il n'en était rien, et j'avais vu la photo du passage dans ce mur. Il est vrai qu'il faut emprunter une cheminée qui relève plutôt de l'escalade, et pour des personnes peu habituées à ce genre d'exercice, une corde (une dizaine de mètres suffit) pourrait être rassurante, surtout en sens inverse, en descente. Le bassin supérieur, une cinquantaine de mètres plus haut est plus grand, mais nous le traversons plutôt sur sa largeur, pour nous engager ensuite dans la vallée glaciaire menant à la Brèche de Roland. Un peu plus haut, nous aurons une vue splendide sur cette plaine avec des couleurs rehaussées par les jeux d'ombres provoqués par les cumulus de cette fin de journée.
Passage de la brèche de Roland en planeur le 26 avril 1982                 Un peu plus haut, Sophie découvre un splendide alignement de cairns qui monte dans un couloir assez pentu mais facile à parcourir... Malgré mes réticences, tout le monde s'y engage résolument, pour constater un quart d'heure plus tard, et cent mètres plus haut que la route n'est pas vraiment celle qui était souhaitée... Faut-il poursuivre ou redescendre ? Je me rends vite compte que nous sommes aux alentours de la grotte Casteret, et c'est pour accéder à cette dernière que les cairns avaient été placés... Par ailleurs j'avais lu qu'un trajet plus ou moins direct permettait de rejoindre la Brèche depuis la grotte. En demandant à mes coéquipières d'attendre un peu, je suis allé vérifier le passage un peu scabreux permettant de poursuivre l'itinéraire cairné passant sous la grotte. Finalement tout le monde est passé sans trop de mal, mais nous avons perdu beaucoup de temps et il est déjà 17 heures ! J'ai préféré ne pas perdre de temps supplémentaire pour visiter la grotte... Dire que nous sommes passés à quelques mètres !
                La suite est fort chaotique et ressemble à un jeu de piste entre d'énormes blocs, avec de temps à autres des cairns et de temps à autres des traces de sente. A chaque point clé, il faut se demander par où passer ! En fait, il existe sans doute de nombreuses options, et je ne suis pas sûr que nous avons choisi la meilleure, car nous serons obligés de redescendre de près de quarante mètres, pour passer un petit vallon ! Je ne suis vraiment rassuré que lorsque j'aperçois la trace principale venant du fond de la vallée menant à la Brèche, et que je constate que nous pourrons la rejoindre sans difficultés. Ce n'est d'ailleurs qu'après avoir rejoint cette trace que j'ai ressorti mon appareil photo... alors qu'il y aurait eu de quoi mitrailler durant l'heure précédente !
                Alors que Sophie et Sarah se sont précipités vers la Brèche, j'ai savouré ces derniers mètres en avançant d'un pas de sénateur, ravi d'avoir bien réussi ce parcours, tout en me remémorant mon passage, ici, en planeur, vingt six en auparavant, après avoir survolé cette région extraordinaire que nous allons quitter... Je suis donc le dernier du groupe à fouler la Brèche de Roland et à découvrir la finesse exceptionnelle de la muraille à cet endroit. Le stop ne sera pas très long : aucune inquiétude pour la suite, mais il fait un peu frisquet dans le courant d'air de cette porte ouverte, à l'ombre des nuages qui coiffent la muraille.

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On devine Sarah sur le sentier quittant Faja de las Flores ; au centre la brèche de Roland La brèche de Roland, et la vallée glacière qui permet d'y accéder Une des nombreuses ravines qu'il faut traverser dans ces lapiaz L'abri (avec intérieur sommairement aménagé) ; à gauche, Pico de Salarons (2744m) et au centre, Collado de la Catuarta
Sarah, quitte l'abri en direction de la brèche de Roland Randonneur au milieu du bassin inférieur de la plaine de San Fertus Le bassin inférieur de la plaine de San Fertus, vu depuis le haut de la falaise menant au bassin supérieur ; au loin, on devine Faja de las Flores
Randonneur arrivant au bassin supérieur de la plaine de San Fertus ; au centre el Casco (3007m) Au centre el Casco (3007m) ; nous prendrons la rampe d'accès menant à la grotte de Casteret (sous le sommet tout à droite) Le bassin supérieur de la plaine de San Fertus ; au loin, Pico de Salarons (2744m) et Mondarruego (2848m) tout à droite La zone humide du bassin supérieur de la plaine de San Fertus ; on devine Faja de las Flores dans l'échancrure...
Sophie à quelques deux cent mètres de la brèche de Roland (devant, Sarah semble pressée...) Le côté espagnol de la brèche de Roland Quelques plaques de neige subsistent dans la vallée glaciaire permettant de rejoindre la brèche de Roland depuis la plaine de San Fertus
Depuis la brèche de Roland, on devine vers la droite la grotte de Casteret ; Georges arrive... Pour cette dernière montée, Georges s'est fait distancer par son épouse et sa fille... Sophie et Sarah au milieu de la brèche de Roland... Vers 18h00, il n'y a plus grande affluence ! En contre-jour, la muraille ouest de la brèche de Roland, avec le soleil qui transperce les nuages



De la brèche de Roland au parking de Tentes

                Sarah est maintenant notre guide pour descendre au refuge des Sarradets... Le passage du grand névé au pied nord de la Brèche demande quelque attention, et nous avons d'ailleurs emmené nos bâtons pour faciliter ce passage. Je suis relativement étonné qu'à cette heure tardive, plusieurs groupes montent encore à la brèche ... Certains d'entre eux rejoindront peut-être le refuge de Goriz ou bien sont partis pour un bivouac, d'autres font peut-être une simple escapade à la Brèche en attendant le dîner au refuge des Sarradets ! Nous passerons devant ce refuge une demi-heure plus tard, en prenant à peine le temps de prendre une photo de la brèche.
                Le sentier est ensuite particulièrement bien marqué et permet une progression rapide, à l'exception d'un court passage, lors de la traversée d'un torrent, bien sécurisé par quelques pitons et des chaînes. La dernière heure de trajet est un peu monotone, voire un rien agaçante, car le parking semble tout près, et nous devons faire un immense crochet par le Port de Boucharo pour l'atteindre ! Dernière petite halte au Port de Boucharo, histoire de prendre quelques photos avec ce soleil rasant. C'est ici que nous retrouvons les randonneurs aux bérets avec qui nous évoquons notre trajet matinal par la vire de l'Escuzana qu'ils ne connaissent pas... Sur la route vers le col de Tentes, nous pensons apercevoir, un petit quart d'heure derrière nous, le groupe des trois autres randonneurs qui nous ont suivis depuis le départ ; mais personne n'a vraiment envie de patienter pour les attendre, alors qu'il nous restera quelques deux heures de voiture avant de retrouver notre résidence.
                Arrivée à la voiture à 20h03, heure exacte du coucher du soleil, après 13h11 de balade et 1465m de dénivelé positif selon notre GPS. Nous avons en réalité marché pendant onze heures environ qui auraient pu se réduire à dix heures, sur un trajet sans erreur. La randonnée en sens inverse aurait été plus favorable pour les éclairages, mais Arnaud me l'avait déconseillé car quelques passages clés auraient été, selon lui, plus difficiles à trouver. Si vous chargez la trace de cette journée sur votre GPS, autant faire le trajet dans le sens des aiguilles d'une montre ! Dernier petit regret : nous n'avons pas ramené de photos d'edelweiss, alors que ces fleurs sont paraît-il fort nombreuses sur Faja de las Flores !

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Regard vers le nord-ouest depuis la brèche de Roland ; au premier plan vers la droite, le pic des Sarradets (2739m) Regard vers le nord-nord-est depuis la brèche de Roland ; au premier plan, le pic des Sarradets (2739m) Depuis le névé sous la brèche de Roland, les reliefs au nord-est (dans les nuages, le petit Astazou, 3012m)
Sarah avance avec prudence sur le névé de la brèche de Roland Le pic des Sarradets (2739m) ; juste au-dessous, le refuge des Sarradets (2587m) Sarah, en cours de descente vers le refuge des Sarradets La brèche de Roland depuis les environs du refuge des Sarradets
Arrivée au Port de Boucharo ; le soleil est bas et nos ombres sont gigantesques Arrivée d'un randonneur avec béret basque au Port de Boucharo... en provenance, comme nous, de Faja de las Flores ! Contre-jour vers l'Espagne depuis le Port de Boucharo (Forqueta de Gabieto vers la gauche)
La vallée de Pouey Aspe De gauche à droite : Les Sarradets (2739m), le Taillon (3144m) et le Pic des Gabietous (3031m) Derniers éclairages par le soleil , en direction du Port de Boucharo Derniers rayons de soleil sur le Pic Rouge de Pailla (2780m), les Astazou (3107m), le Pic de Marbore (3250m) et le Pic des Sarradets (2739m)



Brèche de Roland et Mondarruego, depuis les environs du Vignemale

                Deux ans plus tard, les 4 et 5 septembre2010 à l’occasion de l’ascension du Vignemale, nous avons eu le plaisir d’apercevoir à plusieurs reprises des points clés de notre boucle vers Faja de las Flores. Depuis le secteur du Vignemale situé au nord-ouest de Faja de las Flores, c’est en fin de journée que l’éclairage est idéal pour mettre en valeur ces reliefs au-dessus de Gavarnie et de Torla. Ainsi vers 17 heures, depuis le Petit Vignemale, la brèche de Roland, la vire méconnue de l’Escuzana et la pyramide presque parfaite du Mondarruego ont à nouveau captivé notre attention. Plus tard, vers 20h15 au refuge de Bayssellance, nous retrouvons ces mêmes reliefs, éclairés par le coucher du soleil.

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Depuis le Petit Vignemale, on reconnait les reliefs au-dessus de Gavarnie et de Torla ; le bord du glacier d'Ossoue au premiet plan Depuis le Petit Vignemale, la brèche de Roland, dominé à gauche par le Casque ; plus à droite, le Taillon Depuis le Petit Vignemale : Forqueta de Gabieto, et son col, puis à sa droite, la vire de l'Escuzana dominée par la pyramide du Mondarruego
Depuis le refuge Bayssellance éclairage de fin de journée des reliefs au-dessus de Gavarnie Depuis le refuge Bayssellance éclairage de fin de journée des reliefs au-dessus de Torla



Vers la vire secrète de l'Andatone... en Corse                Retour sur la page principale